Monday, July 2, 2007

67éme rencontre du CRIPS Île-de-France en partenariat avec Act up-Paris – 28/06/2007 - France



Introduction

L'identité Transgenre est une réalité largement inconnue au Portugal. [1]

Il n'y a aucune statistique au sujet de la population Transgenre Portugaise, et la recherche dans ce domaine est limitée par les difficultés d'accès aux individus qui manquent de l'appui de la loi et sont stigmatisés par la société en général et très particulièrement par les établissements du gouvernement. Il y a beaucoup de fausses croyances attribuées à la population Transgenre, comme par exemple celle que toutes les personnes Transgenre (Transexuel-le-s y compris) sont des travailleurs/euses du sexe ou ont un autre type d'activité nocturne. En fait, la partie la plus évidente de la communauté transgenre nationale, émigrée du Brésil, des anciennes colonies africaines portugaises comme l'Angola, São Tomé e Principe ou le Mozambique, a une activité professionnelle relative à une de ces deux activités. Cependant certaines ont contribué ces dernières années à changer l'idée traditionnelle de la communauté transgenre par la visibilité de leur travail dans d’autres milieux professionnels comme activistes des droits de l'homme, mannequins, médecins, avocats, journalistes ou même des gagnantes d’émission de télé réalité


La Communauté Portugaise Transgenre - Une Réalité Inconnue [2]

Dans une étude entreprise en 1998 avec un groupe de 50 individuEs transgenres, quelques questions importantes ont été identifiées ;

une majorité significative de l'échantillon venait des parties rurales du pays (45%).
De cet échantillon 28% avaient changé leur lieu de naissance en raison de leur identité de genre.
16% sont des étrangers issus d’anciennes colonies Portugaises, Brésiliennes ou de l'union Européenne.
L’âge moyen de leur premiers rapports sexuels est de 11 ans.
Ceci nous a fournit des informations importantes concernant les problèmes d'adaptation sociale auxquels ces individus doivent faire face.
Se rajoute le fait que la plupart d'entre eux ne bénéficiaient pas de la sécurité sociale et que (70%) ne savait pas que l'accès à la santé au Portugal est gratuite.
92,9% des travailleuses du sexe travaillent dans la rue.
50% avaient déjà eu plusieurs maladies sexuellement transmissible.
72% avaient fait des tests de dépistage du VIH contre 28% qui ne l'avaient jamais fait.
Et quand nous avons demandé les résultats des tests du VIH, parmi les réponses des travailleuses du sexe, 46.4% étaient séropositives, 35% étaient séronégatives et 17.9% n'ont pas voulu ou non pas su nous répondre.
Parmi les personnes du groupe qui ont affirmé exercer une autre d'activité, 45% on répondu qu’elles étaient séronégatives, 54.5% n’ont pas voulu ou n'ont pas su nous répondre. De ce dernier groupe personne n’a admis sa séropositivité.
Il est intéressant de comparer les réponses entre celles qui exercent l'activité de travailleuses du sexe avec celles qui exercent d'autres activités, mon opinion personnelle est que les personnes les plus intégrées socialement par leur travail subissent la discrimination qui touche toutes personnes séropositives dans la société en général, discrimination que l’on ne retrouve pas chez les travailleuses du sexe non intégrées socialement.
(70%) des personnes interrogées avaient consommé régulièrement des substances comme l'alcool, la cocaïne, l’héroïne ou d'autres substances chimiques .

Note: il serait impossible aujourd’hui de réaliser ce style d’étude en raison des mesures répressives mises en place par les pays de l’UE à l’encontre des travailleuses et travailleurs du sexe.

"Gisberta" [3]

Note: le résultat de ce genre de politique répressive peux être constaté par les réactions institutionnelles à propos de l’affaire Gisberta.

Un remerciement très spécial aux associations Trans Françaises qui nous ont accompagnées et permis de faire circuler l’information autour du meurtre de Gisberta et qui ont manifesté devant des représentations consulaires Portugaises en France.

Gisberta, une immigrée transsexuelle brésilienne sans foyer, séropositive, cocaïnomane et travailleuse du sexe, a été trouvée morte le 22 février à l'intérieur d'un puits de 10 mètres de profondeur, dans un bâtiment non fini à Porto au Portugal.
Un groupe de 13 adolescents, âgés de 10 à 16 ans, qui vivaient comme internes dans une institution de protection de l’enfance, appartenant à l'église catholique et financée par l'Etat, a admis avoir commis le crime. La communauté Transgenre portugaise et ceux qui les soutiennent ont été choqués par cet événement, et encore plus par les réactions de l'Etat et par la médiatisation autour de ce tragique évènement, la presse faisant toujours référence à un sans abri, à un travesti, à son prénom masculin etc … la photographie de Gisberta étant rarement présente, faisant ainsi abstraction de son genre.
Choquante aussi la réaction de l'église qui a essayé d'excuser les garçons, en affirmant que les enfants avaient été harcelés par des pédophiles.
Décevantes les réactions de la majorité des associations LGBT Portugaises (à l'exception des Panthères Roses Portugaises), qui ce sont limitées à commettre les mêmes erreurs que la presse en général, démontrant ainsi l'ignorance totale sur des sujets concernant un groupe qu’elles prétendent défendre.

Grâce à l'appui des Panthères Roses Portugaises et du réseau européen “European Transgender network” on a mis en place un système informatif en plusieurs langues pour diffuser le plus largement possible dans le monde entier l’affaire Gisberta, et pour réclamer auprès des autorités portugaises une réforme du système "de protection des mineurs", de l'aide pour les groupes marginalisées comprenant :
les immigrés, les personnes atteintes du VIH, les personnes sans foyer, les consommateurs de drogue et les travailleuses et travailleurs de sexe.
Ont été aussi réclamés au gouvernement l'inclusion explicite de "l'identité de genre" dans la législation semblable à l'acte britannique d'identification de genre de 2004 ou a la loi 3/2005 du 15 Mars 2007 espagnole qui règle et rectifie la mention du sexe pour les personnes transgenres et la protection contre les crimes de haine motivés par la transphobie dans le cadre de la législation pénale.
Nous avons aussi demandé au gouvernement la mise en place d’un programme de formation pour sensibiliser la population sur la situation des personnes transgenre, sur la transphobie, l’homophobie, à l'école, sur les lieux de travail et dans les forces de police.
Nous avons réclamé la dépsychiatrisation des transgenres, le libre accès au traitement médical , le libre choix des médecins praticiens et l'aide financière pour la chirurgie et les traitements.


La déclaration des droits des travailleurs du sexe en Europe 2005, Bruxelles, Belgique [4]

Dans le cadre de la conférence européenne sur le travail du sexe, des droits de l'homme, du travail et de la migration qui a eu lieu en Octobre 2005 à Bruxelles, la déclaration a été élaborée et approuvée par 200 représentants, de 30 pays européens, dont certains étaient travailleuses et travailleurs du sexe.
Cette déclaration n'est pas prévue pour être un document juridique et son existence n'établit pas un cadre juridique qui protège les droits des travailleurs du sexe en Europe. La déclaration identifie les droits humains des travailleuses et travailleurs du sexe, dans le cadre du travail, de la migration, du droit international. Elle précise l'obligation des Etats d’assurer que ces droits ne soit pas violés dans leur Etat et dans toutes autres Etats et que toutes les structures de l'Etat soient organisées pour assurer que toutes personnes puisse apprécier et exercer ses droits.
La déclaration est une synthèse de tous les droits qui ont été convenus et traités par les engagements internationaux applicables à toute personne, ainsi que des propositions spécifiques aux Etats et à leurs politiques, pour assurer à chacune de ces étapes la protection des droits pour les travailleuses et les travailleurs du sexe.


Utilisation de la déclaration

En énonçant les droits existants, la déclaration est prévue :
- Premièrement, pour agir en tant qu'outil pour aider les travailleurs du sexe à défendre leurs droits avec l'autorité et la justice de leur côté.
- Deuxièmement, la déclaration vise à agir en tant que repère pour juger ce qui a été réalisé, constater les progrès accomplis et diriger nos futurs efforts. Elle fournit une base pour des organismes et des groupes pour que les droits universels admis soient confirmés et agissent en tant que défenseurs des travailleurs du sexe.
- Troisièmement, elle offre des conseils aux organismes et aux établissements cherchant à réaliser une politique et une pratique équitable et non discriminatoire.
En fournissant des directives elle nous permet de juger si la législation proposée respecte ou diminue les droits des travailleurs du sexe.
En conclusion, elle sert de base pour regarder vers le futur.


Pourquoi avons-nous besoin d'une déclaration des droits des travailleuses et travailleurs du sexe en Europe ?

Ces dernières années des mesures législatives limitant les droits fondamentaux et les libertés des travailleurs du sexe prolifèrent aux niveaux local, national et international. Ces mesures prétendent combattre le crime organisé et favoriser la santé publique.
Cependant, plusieurs de ces mesures sont mises en application contre les recommendations de l’UNAIDS et de l'organisation mondiale de la santé qui notent que la législation répressive limite les droits des travailleurs du sexe. En outre, des mesures contredisent la résolution du Parlement européen concernant la violence contre les femmes, qui recommande la décriminalisation de l'exercice de la pratique de la prostitution.
Une garantie que les prostituées bénéficient des mêmes droits que tous citoyens.
Beaucoup de mesures adoptées actuellement ne respectent pas les droits de l'homme, violant l’obligation que chaque Etat a de favoriser et de protéger les droits de toutes les personnes sur son territoire, sans discrimination. Ces droits incluent le droit à l'intimité, à une vie de famille, de partir et retourner dans son pays, d’être exempté de traitement de torture, de traitement inhumain et dégradant, de détention arbitraire, la liberté d'expression, d'information, d'association et de mouvement.

Interventions sociales [5]

Unités de rue

-Equipes mobiles d'opérateurs et de volontaires professionnels avec l'appui de médiateur inter culturel
-Information pour la prévention et la santé
-Ecoute et analyse des besoins
-Accompagnement et formation éducative à l'accès aux services de santé
-Information et assistance aux services légaux, psychologiques et aide au logement
-Aide à l’apprentissage pour l'établissement des rapports entre les personnes et les institutions
-Accompagnement pour toute personne demandant à sortir de la prostitution
-Accompagnement pour toute personne subissant des violences et étant exploitée
-Gérer des réseaux pour créer des plans d'intervention sur des structure existantes
-Observation des dynamiques autour de la prostitution
-Création d’outils instructifs dans les langues maternelles des personnes concernées


Centres d'accueil - liens entre les personnes et les services institutionnels

-Information et conseil pour tous les problèmes médicaux, sociaux et juridiques
-Accompagnement social et juridique des personnes aux services de santé
-Formation éducative des services institutionnels et associatifs dans le territoire
-Soutien des structures institutionnelles et associatives permettant de sortir
de la prostitution
-Soutien des structures institutionnelles et associatives permettant
de se libérer de toute forme de violence et d'exploitation


Abri et stimulation de l'autonomie dans des micro-structures résidentielles

-Élaboration de projets visant l’autonomie
-Mise en forme de ces projets avec des partenariats institutionnels, associatifs et ou privés
-Conseil individualisés
-Abri et protection
-Conseil en logement
-Service de santé
-Soutien psychologique
-Soutien et suivi de rapport lié au crime
-Conseil juridique
-Suivi de toutes démarches aboutissant à la légalisation
-Socialisation
-Création et production d'ateliers éducatifs
-Initiation à la langue parlée du territoire
-Orientation professionnelle
-Insertion sociale et professionnelle

Orientation et formation professionnelle, social et insertion

-Formation de base
-Formation professionnelle
-Formation auprès des entreprises
-Actions vers l’emploi, soutien et accompagnement
-Coopération d'actions d'accompagnement avec des corps et des entreprises de formation

Gestion de réseau avec plusieurs organismes des différents contextes locaux

Familles, associations volontaires, coopératives sociales, O.N.G.S, corps religieux, autorités locales, municipales, régionales, et nationales, commissions d’égalités et des droits, unités locales de santé, préfectures, commissariat de police, entreprises, syndicats....

Conclusion [6]

Une grande partie des structures nécessaires à l'accompagnement et à l’aide des personnes existent déjà sur le terrain, soit à travers l'existence d'ONG, ou d'institutions officielles et gouvernementales.
La lacune qui se vérifie est due au manque de prise de conscience par la société d’une population minoritaire et de ce faite discriminée. Il est important d’établir des contacts efficaces pour réagir aux problèmes d'intégration et de socialisation de cette population, pour lutter contre le VIH/sida et d'autres maladies sexuellement transmissibles auxquelles elle est confrontée.
Il semble évident et nécessaire de créer une structure capable de rassembler toutes les forces existantes, de faire circuler le savoir de chacune, dans le but de les renforcer, de produire, de distribuer ce savoir en misant sur la formation et l’information, permettant ainsi de lutter contre toutes formes de discrimination et réduire les cas de transmission du VIH.
En tant que responsable d’une association Trans, je reconnais que la création de ce genre de structure devrait être crée non exclusivement par des associations Trans mais avec leur proche collaboration, car malheureusement nous n’avons pas la maturité nécessaire pour mettre seules en oeuvre une telle entreprise.
Ces structures doivent être liées à toutes les problématiques auxquelles est confrontée la communauté trans, connaître et savoir disposer des moyens nécessaires à la collecte des ressources financières, nationales et européennes pour l'attribution de sommes permettant la création et le développement d'un tel projet.
Dans le cas où les droits humains, souscrits entre autre par le Portugal et la France, ne peuvent pas servir comme argument pour la défense de cette population, utilisons alors les arguments économiques.
Les coûts pour le traitement annuel d'une personne infectée par le VIH/sida est substantiellement supérieur au coût pour le financement de projets de prévention.
Dans le cas spécifique des travailleuses et des travailleurs du sexe ainsi que de leurs clients, il ne faudrait pas oublier que la prévention passe surtout par la formation et l’information de ces travailleuses et des travailleurs du sexe.
Sachant très bien que l’on ne peut rien attendre du client et de la société en général non concernés par ce problème, tant l'hypocrisie est généralisée et la réalité taboue, cachée par un ordre moral et social maintenu et entretenu par ceux qui soutiennent cette hypocrisie.

Jó Bernardo


References

1 - Jó Bernardo, “Portugese Transgender Community” 1997
http://a-trans.planetaclix.pt
2 - “The Portuguese Transgender Community – Un Unknown Reality” 1998
http://a-trans.planetaclix.pt - http://atranspt.blogspot.com
3 -“Gisberta”, 2006
www.panterasrosa.com - www.tgeu.net http://naotemosvergonha.blogspot.com
4 - The Declaration of the Rights of Sex Workers in Europe 2005, Brussels, Belgium
www.sexworkeurope.org
5 - “Social Interventions in Prostitution and Trafficking” Associazione “On the Road”
www.ontheroadonlus.it
6 - Jó Bernardo
jobernardo@gmail.com

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